Maxim Kantor, Feu rouge

Il y a peu de sujets que Maxime Kantor (né en 1957) n’aborde pas dans ce roman, le premier à être traduit en français – au point de provoquer le tournis chez le lecteur. De l’Allemagne des années 30 à l’actualité géopolitique, en passant par la Seconde guerre mondiale, les purges staliniennes et la déstalinisation. A travers trois générations de personnages qui, à un moment donné, cohabitent dans le même immeuble à Moscou, on suit les événements et les comportements qui mènent les uns en prison, les autres au front, qui font des uns des héros et des autres des bourreaux, pour aboutir à la configuration actuelle, celle d’une société où, finalement, tous se valent, où les victimes sont des bourreaux et les héros des traîtres.
Ce mélange de roman et d’essai, de saga familiale et de pamphlet, est à la fois captivant et décevant. La satire vire à la caricature, l’acuité de l’analyse va de pair avec un inquiétant brouillage de repères : la Russie poutinienne serait-elle vraiment une nouvelle république de Weimar ? Si les questions posées sont pertinentes, les réponses, fondées sur des amalgames douteuч, le sont moins. Et surtout, l’ambition démesurée nuit à la crédibilité des personnages, trop souvent de simples marionnettes manipulées par un auteur omniscient. Dommage.

Feu rouge (Krasnyi svet), de Maxim Kantor, traduit du russe par Yves Gothier, Louison, 770 p., 29 €.

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